Où investir en 2025 ?
L’économie mondiale traverse une période complexe marquée par de fortes incertitudes géopolitiques, des fluctuations importantes de taux d’intérêt et des transformations sectorielles majeures. Avec des marchés américains au plus haut et une Europe dont le décrochage inquiète, quelle stratégie d’investissement privilégier en 2025 ?
Une économie mondiale à plusieurs vitesses
Les économies développées, en particulier celles des États-Unis et de la zone euro, continuent de montrer des signes de résilience malgré un contexte de taux d’intérêt élevés mais présentent des perspectives de croissance pour 2025 très différenciées.
Aux États-Unis, l’élection de Donald Trump pour un second mandat a créé un climat d’optimisme dans les milieux d’affaires, stimulé par des promesses de déréglementation et de baisses d’impôts. La croissance y est encore attendue au-dessus de 2% (2,2%) en 2025 après 2,6% en 2024.
A l’inverse, l’Europe peine à se remettre de plusieurs chocs structurels. La faible productivité et le déficit d’investissement privé (un écart colossal d’environ 70% s’est accumulé depuis 2011 par rapport aux Etats-Unis) freinent la croissance économique, qui est attendue à 1% en 2025 après 0,8% en 2024. Une politique monétaire plus accommodante serait nécessaire pour stimuler l’activité dans la zone euro, où les perspectives restent contrastées (récession en Allemagne, croissance très dynamique en Espagne…).
Quant aux émergents, si l’Asie du Sud-Est et l’Inde se positionnent comme des moteurs de croissance, soutenus par une consommation interne robuste et des investissements stratégiques dans les infrastructures, la Chine -deuxième économie mondiale– reste confrontée à des pressions déflationnistes et à une surcapacité industrielle, limitant son potentiel de rebond.
Marchés financiers : le grand écart entre Etats-Unis et Europe…
En 2024, les actions américaines ont réalisé une performance impressionnante (+27,6% en euros pour le S&P 500, l’indice des 500 plus grandes valeurs américaines), tandis que les marchés européens ont progressé plus modestement (+6% pour l’Euro Stoxx 600, l’indice des 600 plus grandes capitalisations européennes, mais -2,15% pour le CAC 40, l’indice des 40 plus grandes capitalisations françaises, en raison notamment des incertitudes politiques en France mais aussi du poids du secteur du luxe, sensible à la conjoncture chinoise).
La divergence de performance sur les dernières années entre les deux zones est très importante et a conduit à un écart de valorisation historiquement élevé : le ratio cours sur bénéfices du S&P 500 est de 27 fois contre seulement 15 fois pour l’Euro Stoxx 600. Pour autant les grands investisseurs continuent de préférer les Etats-Unis à l’Europe. D’abord pour ses fondamentaux économiques. Ensuite pour la capacité des grandes entreprises américaines, de par leur capacité d’investissement hors normes et un environnement réglementaire plus favorable, de capter l’essentiel de la valeur à tirer des grandes mutations technologiques. Et enfin, parce que dans un monde où la force, sous ses différentes formes (économique, politique et militaire) revient sur le devant de la scène, les Etats-Unis semblent mieux à même que l’Europe de sortir vainqueur des différentes « guerres ».
Il n’en reste pas moins que le niveau de valorisation des marchés américains rend les investisseurs fébriles. D’ailleurs, dans une étude récente, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, Blackrock (américain bien sûr et que l’on ne peut donc suspecter de vouloir écorner les Etats-Unis) prévoit une croissance annuelle moyenne des marchés actions américains de l’ordre de 3% seulement dans les prochaines années en raison des valorisations actuelles. Et ce d’autant plus que des incertitudes demeurent autour des politiques migratoires et commerciales qui seront réellement mises en œuvre par Donald Trump et qui sont susceptibles d’engendrer des tensions inflationnistes et/ou un choc récessif, même s’il semble peu probable que le nouveau Président s’engage dans une voie qui serait défavorable à l’économie américaine.
Dans ce contexte, la seule quasi-certitude est que la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait poursuivre la baisse de son taux directeur et donc des taux d’intérêt à court terme, ce qui confère une certaine visibilité sur le marché obligataire européen pour la partie courte de la courbe des taux.
Au menu 2025 : obligataire, dette privée, actions adossées à des tendances longues et immobilier d’entreprises
Compte tenu de ce contexte de taux d’intérêt à court terme en Europe et de la volatilité attendue sur les taux à long terme en raison des risques de résurgence d’inflation, il nous semble judicieux pour cette nouvelle année d’allonger un peu, mais pas trop, la maturité moyenne des portefeuilles obligataires, autour de 2 à 3 ans, afin de cranter le niveau actuel des taux avec un risque maîtrisé.
S’agissant du segment du marché obligataire, nous privilégions les obligations d’entreprises dans le bas de l’investment grade et dans le haut du High Yield – c’est-à-dire celles qui ne sont ni les plus sûrs ni les plus risquées- qui offrent actuellement le meilleur couple rendement/risque.
L’obligataire doit selon nous rester au cœur des allocations d’actifs pour 2025. A titre de diversification, la dette privée (obligations non cotées d’entreprises) nous semble également intéressante, avec des spreads de crédit entre 5 et 8% par rapport aux taux courts qui rémunèrent bien le risque et l’illiquidité.
S’agissant des actions, bien malin qui pourrait prédire l’évolution des marchés. Nous pensons qu’il serait dangereux pour la performance à court terme de se détourner des actions américaines. Nous préférons diversifier les portefeuilles au-delà des grandes capitalisations technologiques sur des entreprises et/ou dans des secteurs moins valorisés pouvant offrir des opportunités intéressantes.
Et nous pensons qu’il pourrait être opportun de revenir en 2025 sur l’Europe dans une perspective moyen terme en raison des valorisations attractives, mais nous préférons attendre de vrais déclencheurs quitte à laisser passer la première partie de la hausse. La volatilité pourrait en effet être forte et les faux départs nombreux au gré des pressions américaines et des évolutions politiques en Allemagne et en France.
A noter que pour les investisseurs qui ne supporteraient pas la volatilité court terme des actions, il est possible d’utiliser des fonds d’arbitrage avec une exposition nette aux marchés assez faible, capables d’exploiter les fortes disparités de valorisation entre entreprises, entre secteurs économiques et entre pays.
Enfin, nous considérons qu’il convient, dans des marchés bien valorisés ou délaissés, de privilégier les entreprises capables d’offrir une croissance des résultats importante et pérenne. De ce point de vue, la sélection de titres redevient clé ainsi que l’adossement à des tendances long terme puissantes (transition énergétique, eau…).
S’agissant de l’immobilier, après la purge de l’immobilier d’entreprises intervenue en raison à la fois de la hausse brutale des taux d’intérêt en 2022 et de l’évolution des attentes des utilisateurs (moins de m2, plus de centralité), ce segment offre de belles opportunités, en particulier pour les opérateurs capables d’opérer des transformations à forte valeur ajoutée. Même les segments de marché les plus résilients (santé, logistique…) ont corrigé et sont revenus à des niveaux de rentabilité attractifs pour un portage long terme.
Pour profiter de cette opportunité de marché, nous privilégions les fonds de transformation immobilière et les fonds jeunes.